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Je te parie un fauconnier contre une vraie connasse que nous ne sommes pas au bout de nos peines, avec la bande du grand habillé de maigre. Je me doutais qu'il n'allait pas conclure nos relations par un non-lieu.
- Qu'est-il arrivé ? demandé-je à Mister Bitalair.
- Tout ça à cause des saucisses qui sont pas franches du collier, Grand. Quand est-ce on les eusse bouffées, l'Négro and me, la monstre chiasse nous a emparés, moi qu'étais constipé naguère ! Jérémie s'est enfermé dans les chiches et ma Pomme a dû s'rabatt' su' l'estérieur. J'm'essorais la boyasse derrière un' haie quand j'ai vu radiner c'pingouin. L'ai r'connu tout d'suite immédiat'ment. L'a pris position à ta fenêt' et s'est mis à r'tapisser l'intérerieur.
« Alors moive, ni une ni deux, j'ramasse un caillou et l'y balance dans la tronche. Faut qu'j'vais t'dire : à Saint-Locdu, j'étais champion au lancer d'gadins. Un piaf à vingt mètres j'atteindais. Ce zigoto a encaissé ma pierre en pleine tronche et n'a pas dit ouf. »
Nous voici devant Croquignolo. Le projectile expédié par le Malabar repose contre lui : chouette morceau de parpaing pesant au moins deux livres. Quand on connaît la force de mon écuyer favori, on comprend que l'impact ait fait du dommage.
M'emparant du calibre gonflant son blouson, je pars à la recherche de ses éventuels complices.
Décemment armé, courbé en deux, j'évolue dans les zones les plus sombres en direction du parking.
Fectivement, une tire se trouve à proximité de l'entrée. Malgré ses phares éteints, on la repère dans la nuit par un point lumineux qui clignote au-dessus du miroir réflecteur.
Je me rends rapidement compte qu'un gazier occupe la place passager. Il a baissé sa vitre et passé le coude à l'extérieur. De toute évidence, il attend le retour de son pote.
Ces fumiers retors finissent par me flanquer la nausée, je voudrais pouvoir les exterminer au moyen d'un insecticide puissant.
Décrivant une courbe qui me positionne à l'arrière de la guinde, je repte vers l'avant droit. La nuit est douce, le ciel étoilé ; le grondement de la circulation proche couvre le grésillement électrique des cigales.
Parvenu à hauteur de la portière contre laquelle se tient le vilain, je biche la poignée et déponne brusquement. L'occupant, pris à la fois à l'improviste et au dépourvu, bascule sur le sol où l'attend l'ami Sana. Coup de crosse impérial en pleine gueule. J'entends se disloquer sa margoule. Loin de vérifier les dégâts, je le rebelote sauvagement.
Faut dire que j'en ai un plein conteneur à son service. Ma rage est éperdue, mon ressentiment sans limites. Je te l'emplâtre derechef ! Et encore ! Et tiens ! Et pif ! Tout ça à la crosse de Colt.
Au début il a grogné.
Ensuite, geint !
Maintenant, c'est le silence des grandes étendues désertiques, chez le mec. Mon bras douloureux de ce tabassage retombe. Je m'assois auprès de ma victime, haletant, la tête bourrée de lueurs incarnates.
Combien de temps passé-je là à me récupérer ? Impossible de le préciser.
A la fin, je m'agenouille et pose ma paluche valide sur son poitrail. Ça cogne ! Pas suivant les normes édictées par les cardiologues, mais il se passe ce petit quelque chose qui s'appelle la vie.
Une fois en position verticale, je m'assieds dans la caisse. Ce qui m'intrigue, c'est la putain de loupiote jaune palpitant dans le schwartz. Elle est spasmodique comme un signal.
Cela me rappelle l'émetteur de la Chrysler. Décidément, ces gais lurons raffolent de l'électronique.
Presto, je rallie ma case d'où s'échappent des plaintes. Le Gros serait-il en train de faire un mauvais parti à la môme Elnora ?
Non ! Il l'enfile, tout simplement, du temps qu'elle avait la chatte béante. La gonzesse à maille à partir avec son guizeau monumental. Les lents coups de boutoir de Sa Majesté lui démantèlent le pot scientifiquement.
Je n'aime pas jouer les trouble-fesses, aussi je me livre à une besogne passionnante consistant à explorer avec minutie les harnais et le bagage de la petite dévergondée. M'y reprends à deux, puis à trois fois, convaincu de l'infaillibilité de mon instinct.
La femme au gros moignon pousse des gémissements comme la Grande Armée traversant la Berezina. Le Maître Étalon l'adjure de persévérer, l'assurant qu'une apothéose sensorielle digne d'une impératrice l'attend, tout de suite après le percement du Saint-Bernard. Ce sera si tant tellement fabuleux qu'elle aura même plus besoin de pommade cicatrisable.
Pendant ces doux propos, je continue mes recherches avec obstination. La « chose » se trouve dans un talon de sa chaussure. Cela possède la forme et la dimension d'une boîte de cachous.
Un émetteur psalmodieur à interactivité sulpicienne ! Et moi, connard vertébré, je me gaffais de rien ! La gonzesse avait sur elle le moyen infaillible d'être suivie à la trace.
Muni de l'appareil, je retourne au parkinge. Avisant un gros camion immatriculé au Mexique, je plaque l'engin à l'intérieur d'un de ses puissants pare-chocs. « Les autres » pourront le courser à travers les States : les voyages forment la jeunesse.
Mon esquinté est toujours naze auprès de sa portière. Son pote itou, devant notre fenêtre.
Une grande fatigue, jointe à mes blessures, commence à me terrasser. Sais-tu que mes cannes trembillent, m'obligeant à m'adosser au mur de la construction ?
C'est l'instant où Elnora chope enfin ce pied tant promis par son partenaire, à grandes gueulées triomphales.
- Mouiiii ! hurle de son côté le Gros ! Vas-y toute, salope ! J't'rejointe. Houvahou ! qu'c'est good ! L'bon Dieu peuve êt' content d'nous !